Bravo à l’émission Tout le monde en parle de dimanche 22 septembre 2013. Quel début spectaculaire sous plusieurs points de vue ! Enfin un excellent débat entre deux personnalités de marque : le ministre Bernard Drainville affrontant le sociologue Gérard Bouchard.
Reconnaissons que l’ancien journaliste Drainville ne s’est pas laissé intimider par le sociologue de Chicoutimi qui ne faisait que se référer à des études de la fameuse Commission Bouchard-Taylor (qu’il a co-présidée) pour expliquer son opposition au projet de charte.
Monsieur Drainville a très bien fait de rappeler les inquiétudes de la population québécoise face à la prolifération des symboles religieux dans des lieux où ils n’ont pas leur place, tel notamment qu’à l’école, les garderies et les fonctions où les employé-e-s représentent l’État.
J’ai trouvé de plus particulièrement pertinente l’intervention du ministre lorsqu’il a rappelé à M. Bouchard que la Commission qu’il avait co-présidée avait elle-même recommandé que les membres occupant certains postes d’autorité s’abstiennent de porter des signes religieux «ostentatoires», selon l'expression consacrée.
Il lui a également rappelé que la majorité des femmes maghrébines qui viennent s’établir au Québec ne portent pas le voile et qu’il serait injuste de se baser sur des exceptions afin d’établir des normes.
J’ai rarement vu M. Bouchard manquer autant d’arguments.
On pourrait ajouter dans le débat actuel où certains se basent sur la défense de soi-disant libertés, alors que ces mêmes libertés sont bafouées dans les pays où les femmes portent le voile, de ce qu’il adviendrait lorsque des citoyennes et des citoyens refuseraient d’être servi-e-s par une fonctionnaire voilée où lorsque des parents s’opposeraient à ce que leurs enfants aient comme éducatrices des femmes voilées, car justement cela contreviendrait à leurs propres principes.
Ce n’est donc pas la Charte des valeurs québécoises qui divise la population, comme le claironnent certains médias, mais bien les symboles religieux qui accentuent les divisions.
Quant à l’émission Tout le monde en parle, on aura remarqué cette nouvelle formule permettant à deux figures de l’actualité de s’affronter, ce qui a dû certainement captiver les téléspectateurs. Souhaitons que les concepteurs de l’émission continuent de nous offrir des discussions d’un aussi haut calibre qui cadrent parfaitement avec l’ambiance décontractée de Tout le monde en parle.
23 septembre 2013