Je m’adresse à la députée de Québec Solidaire, en espérant qu’un jour je pourrai en débattre en public avec elle, Mme Ghazal ayant toujours ignoré mes invitations d’entrevue sur Tolerance.ca, contrairement à ses collègues, comme Mme Christine Labrie, ou M. Amir Khadir, qui a participé aux débats publics organisés par Tolerance.ca. Comme Mme Ghazal évoque souvent son passé de réfugiée palestinienne, je souhaite lui rappeler que des centaines de milliers de Juifs ont été expulsés d’Égypte à la fin des années 1950 et que plus d’un million de Juifs ont dû aussi quitter les pays arabes, à cause notamment de la xénophobie et de l’antisémitisme du nationalisme arabe.
J’ai évoqué ces expulsions dans nombre de mes écrits. J’avais onze ans en 1956 et j’étais parmi ces réfugiés qui n’ont jamais cessé d’aimer l’Égypte et sa culture. Plusieurs de ces réfugiés juifs des pays arabes s’intégreront aux pays qui les accueilleront, contrairement aux réfugiés palestiniens qui vivent dans de nombreux pays arabes et ne jouissent pas des mêmes droits que la majorité des citoyens de ces pays.
D’autres parmi ces expulsés juifs des pays arabes s’établiront en Israël. Leurs descendants sont aujourd’hui Israéliens et ils n’éprouvent aucune rancune envers ceux qui ont expulsé leurs parents ou leur grands-parents. Mais ils n’ont pas l’intention d’être délogés…ni d’être expulsés. Ils sont chez eux.
C’est pourquoi les discours officiels qu’ils soient juifs ou palestiniens passent sous silence certaines réalités qu’il faut toujours rappeler. Car ce qui est antisémite dans les discours qui ignorent ces réalités, ce n’est pas la critique ou même la condamnation des politiques brutales des autorités israéliennes, mais le refus d’accorder aux Israéliens ce qu’on accorde aux Palestiniens : leur droit à un État.
Parmi ces réalités que les discours officiels ignorent, sait-on qu’à la fin de la Seconde guerre mondiale, aucun pays n’était prêt à accueillir les Juifs rescapés des camps nazis ? Sait-on que les occupants britanniques de la Palestine plaçaient dans des camps (encore des camps) ces rescapés qui souhaitaient débarquer dans ce qui n’était pas encore Israël ? Sait-on aussi que les Juifs d’Israël (ces premiers Palestiniens) se sont battus contre l’occupant britannique pour libérer la Palestine, qui deviendra Israël ?
Je me demande toujours quelle énergie animait ces futurs Israéliens : après avoir libéré la Palestine par les armes, ils affronteront les armées des pays arabes, qui refusaient la naissance d’un État juif dans la région.
Lorsqu’on remet en question le droit à Israël d’exister en tant qu’État, sous prétexte que c’est un État créé artificiellement par les Nations unies et l’Occident, sait-on que tous les États de la région, à l’exception de l’Égypte, ont été créés par les puissances coloniales de l’époque ?
Sait-on que si le nationalisme arabe a toujours combattu le colonialisme des puissances étrangères et que si des populations arabes habitaient évidemment en Palestine, bien avant la création de l’État d’Israël, sait-on que c’est l’occupation israélienne des territoires arabes, lors de la guerre des Six-jours en 1967, qui a véritablement - et ironiquement - donné naissance à l’identité nationale palestinienne ?
Enfin, un point central qui est systématiquement ignoré par les sympathisants de la cause palestinienne et que l’on ne rappelle pas assez, c’est que le Hamas, contrairement à de nombreux États arabes, vise non seulement à libérer les territoires occupés, mais à faire disparaître l’État d’Israël.
Or, lorsqu’on lutte contre des régimes, que ce soit celui des Mollah en Iran ou celui des Talibans en Afghanistan, on ne vise pas à faire disparaître une nation.
Publié le 4 mai 2024 sur Tolerance.ca
Voir aussi mon Entrevue avec M. Rachad Antonius, ICI.