Recevez gratuitement notre Newsletter !

Mon discours de remerciement lors de la remise du prix Charles-Hindenlang par le Rassemblement pour un Pays Souverain

par Victor Teboul
Ph.D. (Université de Montréal), Directeur, Tolerance.ca®

Ami-e-s, militantes et militants pour un Pays souverain,

Je suis honoré de recevoir le Prix Charles-Hindenlang et vous remercie pour cette reconnaissance. Je suis d’autant plus touché de recevoir ce prix que je suis en compagnie d’éminentes personnalités québécoises qui sont aussi honorées ce soir pour leur contribution à la Nation québécoise et à son rayonnement. Et je leur présente mes chaleureuses félicitations.

Né en Égypte et Québécois depuis près de 60 ans, même si je n’en ai toujours pas l’accent, j’ai pu approfondir ma connaissance de la vie de Charles Hindenlang grâce à l’honneur que vous me faites aujourd’hui.

D’origine suisse, Charles Hindenlang est né en 1810, à Paris, au 16 rue Richer. C’est une rue que j’ai bien connue. Elle est située tout près de l’hôtel dans lequel mes parents et moi-même habitions, à la fin des années 1950, alors que nous étions des réfugiés juifs d’Égypte à la suite de la guerre de Suez. C’est toujours un quartier juif : dans les restaurants tout près des Folies Bergère, on fête des Bar-Mitsva après la traditionnelle cérémonie célébrée dans une des nombreuses synagogues de ce 9e arrondissement.  On trouve aussi dans le secteur de nombreux traiteurs casher et des librairies religieuses juives.

Comme quoi, diront certains, le hasard n’est pas juif ! C’est écrit dans le ciel, comme le dit la chanson, que mon nom soit associé à Charles Hindenlang : c’est Mektoub, selon l’expression arabe !

 

Vous voyez, j’ai quelques affinités avec Charles Hindenlang, dont la famille était de confession protestante, peut-être même d’obédience presbytérienne. Il s’agit bien d’une autre coïncidence ayant moi-même fait ma scolarité, à Alexandrie, dans une école protestante et presbytérienne !

Une plaque commémorative portant le nom de Charles Hindenlang a d’ailleurs été posée au 70 rue Lafayette, également située dans le 9e arrondissement de Paris, par le Comité des Patriotes de Saint-Philippe de la Prairie, en 1989, année qui marquait le triste 150e anniversaire de l’exécution de Charles par l’occupant britannique.

Je vous suis donc reconnaissant de m’associer à la mémoire de cet homme qui fut un patriote et qui sacrifia sa vie au nom de la liberté.

Je tiens à remercier mon ami Georges d’avoir rappelé mon parcours, et, comme il l’a si bien mentionné, j’ai effectivement dévié de la trajectoire shakespearienne qui était tracée pour moi.

J’aurais d’ailleurs beaucoup à dire sur cette déviation qui m’a fait épouser la cause du Québec et m'a motivé à joindre le mouvement indépendantiste.

C’est pourquoi j’aimerais rendre hommage ici à ceux et à celles qui  m’ont fait aimer le Québec et m’ont persuadé de la nécessité de l’indépendance.

Je souhaite ici nommer

- le linguiste et historien Léandre Bergeron, qui m’a donné le goût du Québec et de sa littérature;

- l’éminent critique littéraire et écrivain Jean Ethier-Blais, qui m’a transmis le goût des arts du Québec et m’a fait connaître l’œuvre de Paul-Émile Borduas;

- le romancier Yves Thériault, qui fut un des premiers écrivains québécois à s’intéresser à la diversité, par son roman Aaron sur la communauté juive;

- le poète André Brochu pour sa poésie et ses connaissances littéraires;

- l’essayiste Pierre Vadeboncoeur, dont j’ai eu le bonheur et le privilège d’enseigner les œuvres;

- l’historien et biographe Réginald Hamel, pour ses travaux sur l’histoire de notre littérature, et aussi pour sa connaissance – imaginez-vous ! - d’Israël et de la langue moderne hébraïque; 

Comment ne puis-je pas nommer aussi, pour les avoir rencontrés, messieurs Fernand Dumont ou Pierre Bourgault ou M. René Lévesque, qui m’a fait le grand plaisir de m’accorder une entrevue diffusée à la radio de Radio-Canada, comme l’a mentionné mon ami Georges ? Lors de son premier discours à la communauté juive, M. Lévesque me fit l’honneur de me nommer en citant une de mes premières conférences au Centre Saidye-Bronfman dans laquelle j’expliquai la place qu’occupait l’arrivée au pouvoir de son gouvernement dans la conscience collective des Québécois.

D’autres Québécois m’ont aussi transmis le désir de m'identifier au Québec en dénonçant, dans notre histoire, le racisme et l’exclusion, tel Olivar Asselin.

Mais des Québécoises aussi m’ont donné le goût du Québec et ont contribué à former mon identité québécoise. Dans ma vie personnelle d’abord, mais aussi grâce aux œuvres que des écrivaines québécoises ont produites. Oui, je reconnais que j’ai un faible pour la littérature : comment puis-je oublier Germaine Guèvremont ou Gabrielle Roy ou Anne Hébert ?

Je pourrais vous parler pendant des heures d’autres Québécoises et d'autres Québécois qui ont formé mon identité et ma mémoire québécoises comme Renée Claude ou Diane Dufresne et - mon Dieu ! - comment ne pas penser aussi à Pauline Julien et à son amoureux, le très cher Gérald Godin.

Si j’ai pris le temps de vous nommer toutes ces personnes, c’est pour rappeler que nous n’avons pas de leçons à recevoir en ce qui touche la diversité et l’amour de l’Autre. Bien au contraire.

Tâchons donc, chers amis, de transmettre cet héritage; tâchons de faire aimer notre patrimoine.

Je vous remercie de votre accueil chaleureux et de votre attention.

Lire aussi le Communiqué : Le prix Charles-Hindenlang décerné à l'écrivain Victor Teboul

*****

J’ai eu aussi le grand plaisir de rencontrer, lors de la soirée, plusieurs membres du Rassemblement pour un Pays Souverain. On reconnaîtra ci-dessous, M. Gilles Duceppe, député du Bloc Québécois à la Chambre des communes, de 1990 – 2011.

 

- Quelques notes biographiques à mon sujet publiées dans le livret La Presse Québécoise du Rassemblement pour un Pays Souverain  :

 

 

 

 

 

 

 

J'ai été très touché que l'Association des professeur.e.s.retraité.e.s de la FNEEQ (et donc mes anciens collègues) m'ait fait l'honneur de signaler le geste du Rassemblement pour un Pays Souverain dans le Bulletin de la rentrée 2022 de l'AREF (texte ci-dessous). À noter que La Voix sépharade, seule publication francophone de la communauté juive, n'a pas jugé bon de signaler l'honneur qui m'a été fait.

 

 

 

 

 

 

 

 

Cliquez pour agrandir l'image.

 

 

 

Notes

Comme on le sait, plusieurs scènes de mon roman La Lente découverte de l’étrangeté se déroulent dans ce quartier toujours très vivant du 9e arrondissement de Paris.

 

Cliquez pour agrandir le texte.

 

 

Mis en ligne sur ce site le 5 juin 2022



* M.Benoît Roy, président du Rassemblement pour un Pays Souverain, lors de la remise du prix.


Réagissez à cet article !

L'envoi de votre réaction est soumis aux règlements et conditions de VictorTeboul.com. Vous devez lire Les règlements et conditions de VictorTeboul.com et les accepter en cochant la case ci-dessous avant de pouvoir soumettre votre message.
Votre nom :
Courriel :
Titre :
Message :
 
  J'ai lu et accepté les règlements et conditions de VictorTeboul.com.