De : victor teboul <victorteboul@yahoo.com>
À : "mvenne@ledevoir.ca" <mvenne@ledevoir.ca>
Envoyé : samedi 16 décembre 2000 14 h 29 min 46 s HNE
Objet : Affaire Michaud- CONFIDENTIEL-Ne pas publier.
CONFIDENTIEL. SVP NE PAS PUBLIER.
Monsieur Venne,
Je suis tout à fait d'accord avec votre éditorial, que je préfère à celui de M. Alain Dubuc, paru dans La Presse d'hier, dans lequel il qualifiait, de façon tranchante et excessive, monsieur Michaud d' ''hommed'extrême-droite".
Les journalistes, mes anciens confrères, devraient toutefois dépasser les propos des hommes politiques et fouiller davantage leurs dossiers. Dans la même édition du Devoir où paraît votre éditorial, madame Kathleen Lévesque reprend les propos d'hommes politiques (rapportés par les journaux d'hier) et affirme que lors d'un entretien sur les ondes de CKAC, monsieur Michaud a "banalisé l'Holocauste en soulignant que les Juifs ne sont pas les seules victimes de génocides". Je me suis procuré la retranscription de l'entretien où monsieur Michaud parle des Juifs et, sauf erreur, je n'ai rien trouvé qui confirme cela.
Par ailleurs, j'ai entendu hier (jeudi), sur les ondes de TVA (capté sur Internet), le journaliste Michel Vastel déclarer un fait curieux qui mériterait peut-être d'être fouillé, à savoir que le communiqué de la B'nai Brith qui aurait déclenché toute cette controverse, serait parvenu à la tribune de la presse parlementaire à Québec, par l'entremise...du Parti québécois.
Pour ma part, je pense que certains stratèges péquistes craignent d'être accusés de racisme et sont prêts même à s'allier aux Libéraux (et à adopter leur vision des choses) pour empêcher que des Richler sortent du placard et ternissent la réputation du Québec et la cause souverainiste. J'ai autrefois écrit sur la question de l'antisémitisme et en sais quelque chose.
Aussi, au Québec, certains sujets sont maintenant tabous. Nos représentants invoquent la Charte des droits et libertés pour bâillonner la liberté d'expression, et le président de l'Assemblée nationale va même jusqu'à parler "des risques de se faire blâmer" que court quinconque ose participer à un débat public. Il aurait pu ajouter le mot "ostracisme", car c'est bien le sort qui a été réservé à monsieur Michaud.
Ce dernier a fait, il faut aussi le reconnaître, une bavure en se montrant peu sensible à la mémoire juive et en employant un discours suranné, évocateur d'une époque où on voyait un complot juif mondial partout lorsqu'il a associé la B'nai Brith à la "phalange extrémiste...du sionisme mondial". Mais la réaction à ses propos a pris une tournure tout à fait disproportionnée. Et s'il est vrai que l'on ne doive pas stigmatiser le "vote ethnique", doit-on pour autant s'empêcher de s'interroger sur cette réalité?
Cette question, vous vous en doutez, m'intéresse au plus haut point. J'ai été directeur du Comité Canada-Israël au Québec et fondateur-éditeur de la revue Jonathan. J'ai aussi été le directeur des communications du Parti québécois dans le comté d'Outremont, où se présentait mon ami Salomon Cohen, aux élections de 1994.
Mes contributions les plus récentes ont été un roman "Que Dieu vous garde de l'homme silencieux..." et un texte paru dans le collectif "Juifs et Canadiens français dans la société québécoise", publié sous la direction de Gérard Bouchard, au printemps dernier, au Septentrion.
Il ne m'arrive pas d'écrire aux journaux, mais je trouve que le vote unanime de l'Assemblée nationale, c'était "too much".
Vous trouverez d'autres info sur mon auguste personne en visitant -comme on dit- mon site : http://www.chez.com/victorteboul
Cordialement,
Victor Teboul
(Tél. 514 488 2735)
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